Dans cet article, Anne–Cécile Houron vous explique comment faire confiance à votre instinct de photographe. Découvrez son travail sur son site.
Je peux aussi bien adorer un jardin et ses fleurs avec une palette de couleurs où il y forcément matière à travailler, comme un lieu tel une route complètement démunie de tout élément mais si celle-ci m’invite à une certaine poésie quand même, qui peut être par un simple brouillard, un rayon de soleil qui perce à travers une fente entre deux immeubles… alors j’arrivais à en tirer une image.
Pas toujours à la hauteur de ce qu’elle m’aura inspirée en premier, parce que réussir à retranscrire ce que j’ai eu en tête à ce moment-là n’est pas toujours si simple, mais si j’ouvre l’œil il y a toujours matière partout à capturer quelque chose. Et pour moi c’est le cœur qui parle en premier. Si le cadre qui s’offre à moi me fait tout à coup « vibrer », je le sens, et tout de suite je sors mon outil.
Je compare un peu mes conditions comme le musicien du conservatoire qui a appris, qui joue en suivant une partition, une technique écrite, en utilisant son oreille avec celui qui est autodidacte et qui saura jouer à la perfection aussi car il se fie à son oreille et son feeling. Mais mettez-le devant une partition, ce sera du chinois pour lui. Par contre ce qui les rejoindra est 1: le talent, 2: la sensibilité, 3: l’intuition et sentir qu’on est fait pour ça aussi.
Ensuite je ne fais pas de mises en scènes, ou très peu, l’activité photographique qui me fait vibrer personnellement reste sur de l’imprévu et la découverte d’un lieu ou ce qu’un événement et sa convivialité peuvent me donner.
Une météo changeante avec un ciel qui se charge petit à petit avec de la pluie alors qu’il reste un coin de ciel bleu au même instant à l’autre bout du cadre, et quelques rayons de soleil, ceci offre des contrastes très intéressants, voire même des arcs en ciel incroyables.
Cela peut être aussi la capture d’une atmosphère, d’un moment de plaisir ou un moment de poésie, des couleurs qui vous attirent dans un coin de rue avec des câbles électriques. Un Tag sur un mur, le métro, l’automne et sa palette de couleurs qui lui est propre, c’est inépuisable.
C’est le regard que l’on porte sur les choses qui lance les hostilités. Tout ce qui est texture peut être source d’inspiration, lignes, couleurs, paysages, convivialité, bref la vie et le monde qui nous entoure, il suffit d’ouvrir l’œil et d’être réactif, puis prendre le temps aussi, s’arrêter.
Permettez-moi d’illustrer mon expérience avec 3 photos que j’ai prise et que j’aime.
- « Sleeping bird » Représentation de l’aspect textures et poésie mélangés.
Ce rouge-gorge est mort sur le coup après s’être envoyé à pleine vitesse dans la baie vitrée de mon atelier. Une vitre qu’il n’a malheureusement pas vue… Le cœur brisé c’était impossible pour moi de le jeter dans une poubelle ou de l’enterrer, je l’ai posé dans les fleurs de mon jardin puis comme c’était la Toussain j’avais justement un pot de Chrysanthèmes. Je l’ai posé dessus et je l’ai pris en photo car sans m’y attendre, j’avais trouvé le résultat plutôt poétique.
- « New-York New-York »
Photo noir et blanc, souvenir d’un voyage au mois de décembre 2017
C’est le contraste des lignes qui structure l’image et lui donne un côté graphique intéressant.
- « London walk »
J’aime beaucoup cette photo car elle confirme que tout est question d’un instant, si cette jeune femme n’avait pas pris ce chemin à cet instant, toute la dynamique de la photo serait absente. C’est un ensemble de choses, l’architecture de la National Gallery et cette personne qui marche devant qui font que la photo raconte quelque chose. Qui est-ce ? Ou va-elle ? Elle porte un bonnet, c’est l’hiver…. à partir de là commence une histoire.
Pour finir je tiens à préciser qu’il est très difficiles d’avoir tout ce qui fait d’une photo une très bonne photo, les éléments tous en même temps…. mais nous n’attendons pas tous les mêmes choses, sommes tous différents, il n’y a pas de vérités ni de règles dans tout cela.
Simplement les notions de plaisir et de partage, c’est déjà beaucoup.
Laisser un commentaire